Sélection

Appartient au dossier : Radio Campus Paris est sur Balises

Regards documentaires sur la radio

Good Morning Vietnam, The Last Show, Good Morning England, Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, Tandem, Radiostars… de nombreuses fictions cinématographiques prennent une station de radio pour décor et des animateurs ou des journalistes pour personnages. Mais quelles œuvres documentaires vont explorer l’envers du décor, comprendre le fonctionnement du poste, analyser les fonctions du médium ?

Dans le cadre de son partenariat avec Radio Campus Paris, Balises vous a concocté une sélection de films qui permettent de poser un nouveau regard sur la radio.

Un poste de télévision ancien
CC0 – Photo by Tracy Thomas on Unsplash

Publié le 11/06/2018 - CC BY-NC-SA 4.0

Sélection de références

La Maison de la radio

Nicolas Philibert
, 2013

Les voix de Radio France partagent l’intimité d’innombrables auditeurs de tous âges à travers la France. Nicolas Philibert décide d’ajouter de l’image à ces sons du quotidien, en donnant à voir le déroulement d’une journée au sein de la Maison Ronde.

Le dispositif, simple, rappelle les films de Frederick Wiseman : le réalisateur raconte Radio France en passant d’une émission à l’autre, d’une conférence de rédaction à la formation d’un stagiaire, de la distribution du café aux bureaux des journalistes.

Cependant, ici, aucun regard critique ne vient démystifier l’institution ou en révéler les rouages. On peine à saisir les intentions cinématographiques du réalisateur.
Le film fonctionne néanmoins comme une friandise : reconnaître des voix est attractif, découvrir des lieux, des visages et quelques coulisses est plaisant, et se laisser guider sans être surpris est confortable.

Mojca

Vlado Skafar
, 2008

« À l’arrivée de la télévision, nombreux étaient ceux à ne plus donner cher de la radio. Voix sans visage, rires sans gesticulations visibles, musique sans trépidation affichée, quelle magie incomplète pouvait encore retenir des auditeurs ? C’est justement cet espace qu’a choisi d’investir Vlado Skafar en fabriquant son film à l’aide de matériaux élémentaires.

À l’image, des paysages et des vues urbaines, banales, de Slovénie ; au son, une de ces émissions radio de nuit où les auditeurs sont invités à intervenir sous prétexte d’un jeu : ils appellent, demandent conseil, se plaignent, bavardent tout simplement ou tâchent de séduire une animatrice laissée invisible jusqu’à la toute fin.
Ce qui s’entend et ce qui se voit, c’est là tout l’intérêt du film, ne se complète pas. L’un n’est pas le hors champ de l’autre. Parce que les vues sont en plan large, et du coup de nature génériques. Et le son, lui, en gros plan, bouche et oreille agrandies et accolées l’une à l’autre, destinées à souligner le caractère rayonnant, serein, d’un visage et d’un corps fantasmés au travers d’un timbre de voix féminine, jeune madone bienveillante à l’égard de tous.

Le hors champ, alors ? Ce sont précisément toutes ces existences anonymes, invisibles, dont on perçoit vaguement le cadre à l’image, et des éclats d’autobiographie au son. Monochromes tendance gris, elles témoignent d’un désespoir morne accentué par le filtre du téléphone. Mojca serait-il l’autoportrait sonore d’un pays ? »

(Jean-Pierre Rehm, FIDMarseille 2009)

Philips Radio (Symphonie industrielle)

Joris Ivens
, 1931

Conception des systèmes, fabrication des pièces, montage des éléments d’un poste de radio : c’est tout cela que montre l’œuvre de Joris Ivens, célèbre réalisateur néerlandais qui commence sa carrière à la fin des années vingt. Le documentaire est commandé par Philips.

Au-delà de la façon plastique, presque abstraite, dont la mécanique des procédures et des gestes est filmée en gros plans, le documentaire de Joris Ivens évoque le sort des ouvriers. À chaque étape de la fabrication, les silhouettes se suivent et les actions se répètent.
Les hommes et les femmes au travail, dont on aperçoit parfois la tête, et dont les mains sont omniprésentes, sont assimilés aux simples rouages d’une gigantesque machine, qui avance inexorablement vers la production d’objets de consommation.

Ce ballet mécanique, à l’image des œuvres suivantes de son auteur, a donc une connotation politique. Malgré la musique légère et entrainante qui l’accompagne, cela n’a pas échappé à Philips, puisque plusieurs succursales « ont refusé de montrer le film à cause de ses connotations sociales » note film-documentaire.fr.

War of the Worlds (La Guerre des mondes selon Orson Welles)

Cathleen O'Connell
, 2016

La Guerre des mondes selon Orson Welles raconte et analyse la soirée du 30 octobre 1938, durant laquelle Orson Welles dirige l’adaptation radiophonique de La Guerre des mondes de H.G. Wells sur CBS. Le fait est connu : la pièce radiophonique, transposée dans les États-Unis de l’époque et racontée sous la forme de flashes d’informations, produit quelques épisodes de panique dans le pays et des réactions vigoureuses dans les médias.

Dans ce documentaire didactique, Cathleen O’Connell relativise la portée de l’événement, mais elle explique aussi pourquoi certains auditeurs ont pu croire à une histoire de Martiens envahissant le New Jersey : l’omniprésence de la radio dans les foyers américains, les interruptions fréquentes des émissions par des flashes dans le contexte d’une guerre imminente en Europe, mais aussi plus simplement le fait que de nombreux auditeurs, branchés sur une autre station quand l’émission commence, n’ont pas entendu qu’il s’agissait d’une fiction…
Le film résume enfin les conséquences positives de ce « buzz » avant l’heure sur la carrière d’Orson Welles.

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