Mojca
Vlado Skafar
, 2008
« À l’arrivée de la télévision, nombreux étaient ceux à ne plus donner cher de la radio. Voix sans visage, rires sans gesticulations visibles, musique sans trépidation affichée, quelle magie incomplète pouvait encore retenir des auditeurs ? C’est justement cet espace qu’a choisi d’investir Vlado Skafar en fabriquant son film à l’aide de matériaux élémentaires.
À l’image, des paysages et des vues urbaines, banales, de Slovénie ; au son, une de ces émissions radio de nuit où les auditeurs sont invités à intervenir sous prétexte d’un jeu : ils appellent, demandent conseil, se plaignent, bavardent tout simplement ou tâchent de séduire une animatrice laissée invisible jusqu’à la toute fin.
Ce qui s’entend et ce qui se voit, c’est là tout l’intérêt du film, ne se complète pas. L’un n’est pas le hors champ de l’autre. Parce que les vues sont en plan large, et du coup de nature génériques. Et le son, lui, en gros plan, bouche et oreille agrandies et accolées l’une à l’autre, destinées à souligner le caractère rayonnant, serein, d’un visage et d’un corps fantasmés au travers d’un timbre de voix féminine, jeune madone bienveillante à l’égard de tous.
Le hors champ, alors ? Ce sont précisément toutes ces existences anonymes, invisibles, dont on perçoit vaguement le cadre à l’image, et des éclats d’autobiographie au son. Monochromes tendance gris, elles témoignent d’un désespoir morne accentué par le filtre du téléphone. Mojca serait-il l’autoportrait sonore d’un pays ? »
(Jean-Pierre Rehm, FIDMarseille 2009)
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