La folie destructrice de Kefka, antagoniste ultime de Final Fantasy VI, a conduit le monde à sa perte. Ne reste plus que le « World of Ruin », un monde de ruines dans lequel les protagonistes tentent de reconstruire ce qu’ils peuvent, et de se reconstruire eux-mêmes. C’est dans cet univers que le joueur ou la joueuse évolue dans la dernière partie du jeu, en parcourant le monde afin de reconstituer un groupe de héros pour mettre un point final à la folie destructrice de Kefka.
Monument absolu du J-RPG, le jeu de rôle à la japonaise qui fit les grandes heures des consoles 16-bits, Final Fantasy VI n’est pas un jeu post-apocalyptique à proprement parler. Mais il en offre un témoignage particulièrement marquant à travers le Monde des Ruines, qui s’intègre dans la trame narrative de l’œuvre. Celui-ci se matérialise littéralement sous les yeux du joueur qui, juché au sommet du Continent flottant, ne peut qu’assister, impuissant, à la destruction du Monde de l’Équilibre au sein duquel il évoluait jusqu’alors. La suite est une histoire de résilience : le scénario invite le joueur à redécouvrir cet univers de désolation pour retrouver, l’un après l’autre, les différentes héroïnes et héros qui constituaient son groupe. L’effet miroir entre les deux mondes, équilibre vs. chaos, permet de prendre la pleine mesure des effets destructeurs qui pèsent sur le monde. La folie d’un seul homme sert alors d’allégorie à peine voilée de la menace écologique, comme souvent dans les J-RPG de l’époque. Final Fantasy VII prolongera d’ailleurs cette idée quelques années plus tard.
À la différence d’autres univers post-apocalyptiques, le Monde des Ruines grave son empreinte indélébile dans la mémoire collective des joueurs, en donnant à voir l’avant et l’après d’une apocalypse. Un bijou de narrative design, qui permet au joueur de vivre le désenchantement du monde comme rarement le jeu vidéo ne l’avait proposé.
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