Filmer les microcosmes humains
Dialogue entre Marie Dumora et Guillaume Brac

Guillaume Brac explique qu’avec le cinéma de fiction, il élargit le périmètre social et humain de sa vie. Dans la fiction, il intègre le réel. La fiction lui permet d’explorer des personnages socialement et culturellement éloignés de son milieu. Dans L’Île au trésor (2018), il réalise des portraits diffractés dans des lieux avec lesquels il a un lien affectif. Guillaume Brac privilégie des mises en scène qui font oublier sa présence de filmeur. Par exemple, il privilégie les cadres stables et supprime, au montage, les recadrages qui ont pu être faits, au tournage, au cours d’un même plan.

C’est par les films de Luis Buñuel, Yasujirō Ozu, Kenji Mizoguchi et John Ford que Marie Dumora découvre le cinéma de fiction. Elle considère ces réalisateurs comme des « cinéastes humanistes ». D’après Guillaume Brac, les films de Marie Dumora sont « une fiction du réel ». La réalité est filmée comme une « fiction intérieure », racontée à la hauteur des jeunes protagonistes. Marie Dumora cite L’Enfance nue (1968) de Maurice Pialat et Mange tes morts (2014) de Jean-Charles Hue comme références sur ce sujet.

Les films de Marie Dumora se concentrent sur des microcosmes humains comme dans Forbach swing (2018) où elle s’intéresse à une communauté manouche du quartier de Holveg à Forbach. « C’est un cinéma de l’instant où je me documente peu sur le sujet de tournage », précise t-elle. Le rapport à la caméra est intuitif. Cela lui permet de restituer l’intime, le romanesque, l’universel. Pour créer ses récits cinématographiques, Marie Dumora s’inspire des univers de William Faulkner et d’Honoré de Balzac. 

Pour les deux cinéastes, réaliser des films sur les milieux modestes est un moyen de recréer une « humanité commune ».

Rencontre à réécouter sur la WebTV / WebRadio.