L’étiquette « facile à lire et à comprendre » (FALC) est attribuée à des documents répondant à un certain nombre de recommandations, destinées à rendre accessible à tous l’information que nul n’est censé ignorer. Le projet s’est développé au niveau européen à partir du travail d’un groupe intitulé « Vers une formation continue pour les personnes handicapées intellectuelles ». Il était d’abord destiné à ce public, mais les préconisations retenues sont utiles à tous, dans tous les outils de communication. Celles-ci concernent aussi bien la syntaxe, le vocabulaire, que la mise en page. Préférer les phrases simples, écrire une idée par phrase, choisir un vocabulaire courant, expliciter les termes techniques ou spécifiques quand ils n’ont pas d’équivalents, choisir des polices sans empattement – c’est-à-dire sans ornement –, ne pas superposer du texte à l’image…
Toutes ces pratiques facilitent la lecture, que la personne soit allophone (ne parlant pas la langue officielle du pays dans lequel elle réside), dyslexique, atteinte de troubles visuels ou simplement pressée.
L’obligation pour les institutions de communiquer en respectant ces critères a été intégrée à la loi handicap.
C’est dans ce cadre que la Région Île-de-France, par exemple, propose, depuis mai 2015, une version «facile à lire», adaptée, de sa revue d’information. On trouve aussi sur le site du ministère de l’Environnement, en charge de l’Accessibilité, un mode d’emploi de la banque en « facile à lire et à comprendre ».
Des outils d’apprentissage adaptés
Les bibliothèques ont dans ce domaine une expérience ancienne et une approche variée, notamment parce qu’elles proposent depuis longtemps, dans les espaces d’autoformation, des ouvrages – des romans surtout, mais aussi des documentaires – écrits dans un langage simple. En effet, quelques éditeurs proposent des classiques, comme Bel-Ami ou Les Trois Mousquetaires, dans des versions adaptées en français facile.
Proposés en compléments des manuels d’apprentissage méthodique aux personnes ayant envie de se perfectionner dans la langue qu’elles apprennent, ces livres peuvent tout aussi bien convenir à d’autres lecteurs.
Depuis 2001, il existe un « cadre européen de référence pour les langues », qui décrit précisément les compétences requises pour acquérir une langue, niveau par niveau. Celui-ci permet de proposer des textes dont le niveau de difficulté est calibré en fonction de ces différents paliers. Cela permet aux usagers de choisir des textes adaptés à leurs compétences acquises ou en cours d’acquisition.
Les livres audio, souvent présents dans les bibliothèques, autorisent divers usages : ils peuvent permettre aux débutants dans une langue ou aux apprentis lecteurs de suivre le texte qui est lu, ou encore aux publics empêchés de lire de prendre connaissance du contenu.
Une démarche inclusive
Les bibliothécaires scandinaves et anglo-saxons ont formalisé depuis un certain nombre d’années la notion de Easy to Read (facile à lire) pour les livres. En Suède notamment, les adaptations des classiques de la littérature suédoise en version facile sont très fréquentes. Des bibliothèques sont allées plus loin et ont fait des préconisations formelles aux éditeurs pour que ceux-ci produisent des ouvrages « faciles à lire ».
On retrouve les mêmes préconisations que celles que nous avons vues pour les documents d’information.
Les bibliothécaires recommandent en outre de diviser en chapitres les ouvrages, de les illustrer et, si possible, de les accompagner de supports audios. S’inspirant de ces réflexions, l’association de coopération Livre et lecture en Bretagne et l’association Bibliopass ont proposé une sélection d’une centaine d’ouvrages considérés comme faciles d’accès.
Cette bibliographie a été coordonnée par Françoise Sarnowski. Elle propose un choix de livres variés. On y trouve des classiques de la littérature populaire, comme La Bicyclette bleue de Régine Deforges, des ouvrages proches du conte et accessibles à tout âge, tel Comment Wang-Fô fut sauvé de Marguerite Yourcenar,des romans illustrés comme Angie M. de Rascal et Alfred.
La sélection signale aussi de petites merveilles du livre d’images comme Ça y est, je vais naître ! de Katsumi Komagata, dans lequel les papiers délicatement découpés de l’artiste japonais suivent l’évolution d’un enfant à naître.
Sens dessus dessous de Jéranium se présente comme un imagier d’un genre particulier.
Ce livre-jeu est composé de cartes. Sur chacune, un mot et son illustration. Une rotation d’un demi-tour dévoile un autre mot et une autre image. L’utilisation d’ambigrammes, ces figures graphiques qui peuvent se lire selon différentes symétries, semble en contradiction avec les recommandations facilitant la lecture. Pourtant, le jeu l’emporte rapidement sur les difficultés typographiques, montrant finalement qu’il y a de multiples façons de lire.
Catherine Revest, Bpi
Article paru initialement dans de ligne en ligne n°20
Sélection de références
Deuxième sélection de livres « Faciles à lire », établie par Françoise Sarnowski en mars 2016
Ce guide répertorie les règles et les pratiques pour produire une information facile à lire et à comprendre.
Sélection réalisée par Françoise Sarnowski (Bibliopass) pour Livre et Lecture en Bretagne, 2013.
Les champs signalés avec une étoile (*) sont obligatoires