Helena Třeštíková a réalisé plus de quarante films documentaires, avec une prédilection pour les portraits au long cours. Rencontre avec cette figure majeure du cinéma tchèque à l’occasion du cycle qui lui est consacré à la Cinémathèque du documentaire à partir de janvier 2021.
Comment choisissez-vous les personnes que vous filmez ?
J’essaye de dresser la chronique du temps et de l’espace que je traverse. J’évite délibérément les célébrités pour filmer les gens ordinaires. Tout commence avec une idée de sujet : comment vivent les jeunes mariés, comment vivent les mineurs en prison, les toxicomanes, les gens très démunis. Le plus important est de choisir des protagonistes authentiques et ouverts à l’expérimentation.
Au tournage, cherchez-vous à faire oublier votre présence ?
Je ne me cache pas pendant le tournage. Je me tiens cependant en retrait pour minimiser l’impact de ma présence. Ainsi, mes questions sont parfois posées hors-champ. Je tiens à préserver l’authenticité de la vie telle que je la filme.
Diriez-vous de ceux que vous filmez qu’ils deviennent avec le temps des amis ?
Je prends tellement de temps à accompagner ceux que je filme, qu’ils deviennent parfois des amis. Nous nous fréquentons ainsi en dehors des tournages. J’en sais ainsi beaucoup plus sur eux, J’en sais ainsi beaucoup plus sur eux que ce qui est visible dans mes films.
Quand arrêtez-vous le tournage pour monter le film ? Quel est votre rapport au montage ?
Le montage est un moment crucial dans mon processus de time-lapse (résumé-accéléré). Dans la salle de montage, le matériel collecté sur la longue durée prend enfin forme. Mais avant d’obtenir la forme adéquate et le montage satisfaisant, un long travail d’incubation est nécessaire pour trouver les situations et les paroles qui font sens. Cette étape m’apporte beaucoup de bonheur et je trouve ce processus très créatif.
Filmer sur la longue durée la vie de personnes en situation précaire relèverait-il d’une forme d’engagement politique ?
Filmer des êtres en grande précarité peut contribuer à améliorer leur situation. Si mes films peuvent y contribuer, j’en suis très fière. Pour autant, je ne mène pas d’enquête à la manière des journalistes. Je raconte des histoires en espérant qu’à travers elles, les choses peuvent avancer.
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