Le Photographe
Emmanuel Guibert, Didier Lefèvre, Frédéric Lemercier
Dupuis, 2010
Quatre mille clichés réalisés dont seulement six publiés par le quotidien Libération en 1986. C’est ce que le photographe Didier Lefèvre produit durant son voyage en Afghanistan auprès de Médecins sans frontières. En 1999, Emmanuel Guibert suggère d’adapter ce reportage en bande dessinée. Les planches-contacts sont ressorties des cartons, la mémoire du photographe avec. Le Photographe sort en trois volumes, de 2003 à 2006.
1986 : l’URSS occupe le Pakistan et l’Afghanistan. Sur les routes, les caravanes font l’objet de trafics : transport d’armes, de billets de banque à dos d’âne. Des ONG fictives œuvrent également sous couvert de missions humanitaires. Didier Lefèvre est envoyé au Pakistan, à Peshawar. Il accompagne des moudjahidines et une caravane de MSF qui livre une aide médicale au nord de l’Afghanistan. Il est alors confronté à une culture totalement inconnue et au quotidien des civils (famine, corruption, sécheresse, blessures par balles et par obus…). Le contexte politique est peu abordé dans le récit, le photo reportage est à taille humaine, vif, focalisé autant sur les expressions des visages que sur les montagnes escarpées d’Afghanistan. Les planches-contacts en noir et blanc, rayées, triturées au marqueur, complètent et illustrent harmonieusement les dessins d’Emmanuel Guibert. Le crayonné est épuré et le dessinateur laisse peu transparaître les émotions de ses personnages, donnant un aspect froid, désertique à l’ensemble. Les trois volumes terminés, on reste sur le constat glaçant d’un anesthésiste de MSF : “Dans une mission humanitaire, on sacrifie d’abord le photographe”.
À la Bpi, niveau 1, AL PHO
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