Il faut attendre 1870 pour découvrir les premières photographies d’animaux vivants car, auparavant, la faible sensibilité des émulsions obligeait à respecter un temps de pose trop long. Sur les clichés que l’explorateur, chasseur et photographe James Chapman rapporte du Zambèze dès les années 1850, par exemple, les animaux sont bien présents… mais ils sont morts.
Dans les années 1880, le médecin Étienne-Jules Marey invente, pour étudier les mouvements des êtres vivants, un fusil photographique portable et le premier mode rafale de l’histoire : la chronophotographie. Progressivement, les obturateurs sont de plus en plus rapides, permettant de saisir un mouvement vif, et les appareils deviennent aisément transportables. Les photographes peuvent désormais emporter leur matériel sur des terrains peu accessibles.
Le photographe Cherry Kearton et son frère naturaliste Richard Kearton photographient ainsi, dès la fin du 19e siècle, en haut des arbres et à flanc de falaise. À la même période, le chasseur Carl Georg Schillings rapporte d’Afrique de l’Est des images de grands fauves prises de nuit, tandis que le biologiste Jean Painlevé parvient à photographier de microscopiques détails, souvent sur des animaux marins. Au tournant du 20e siècle, ils ne sont pas les seuls à photographier des animaux dans les plus improbables conditions – on peut citer l’expert forestier Frederick Walter Champion, l’artiste Arthur Radclyffe Dugmore, ou encore Louis Rousseau, premier photographe du Museum national d’histoire naturelle à Paris.
La photographie animalière se développe considérablement tout au long des 20e et 21e siècles, avec des objectifs à la fois scientifiques, plastiques, et de préservation de la faune. Le photographe allemand Jochen Lempert est l’un de ses représentants de nos jours. Pour accompagner l’exposition que lui consacre le Centre Pompidou de mai à septembre 2022, Balises vous propose de découvrir quatre pionniers qui ont fait avancer les techniques de photographie animalière et l’histoire de la photographie en général.