Un homme ordinaire
Dictée FLE

UN HOMME ORDINAIRE

Je n’attends pas que la fine poudrerie de l’aube se dissipe pour me mettre à l’ouvrage. Je me réveille matinalement même si je ne suis plus le jeune homme vigousse des années quatre-vingt. Je reste fidèle à mon rituel. J’allume ma lumerotte en même temps que le transistor afin de suivre les premières actualités de la journée. Je prends ma douche très rapidement. J’avale deux tranches de pain suivies d’une tasse de ristrette. Je m’exile dans ce que j’appelle mon jardin sacré, une pièce exigüe[1] qui me sert de lieu de répétition.
Je me considère comme un musicien professionnel. Je suis obsédé[2] par mon piano. Mes voisins d’appartement disent que je suis un peu fada. Ils ont peut-être raison. À part mes deux filles, rien ne me détourne de mon instrument de prédilection. À sept heures du matin, visage chafouin[3], elles courent déjà m’attendre dans la voiture. Nous résidons à la campagne. Il drache sept jours sur sept. Je suis obligé[4] d’utiliser mon tap-tap pour les déposer à l’école.
Sur mon chemin de retour, je m’arrête toujours à un dépanneur tenu par un vieil ami de la famille. L’après-midi alors que mon épouse s’occupe de nos enfants, je me transforme en un joyeux chauffeur de bus. Que voulez-vous que je fasse de mon existence ! Je ne suis pas un ministre ou un champagné pour rouler dans l’or. Et puis, vous savez, la musique n’engraisse pas son homme.    

[1] L’orthographe « exiguë » est également acceptée
[2] L’orthographe « obsédée » ne peut pas être acceptée. Le narrateur parle au début du troisième paragraphe de « mon épouse » ce qui indique clairement qu’il est un homme.
[3] « visages chafouins » est également accepté
[4] Même remarque que pour « obsédé » ci-dessus : l’orthographe « obligée » ne peut pas être acceptée.