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Appartient au dossier : Un bâtiment combien de vies ?

Construire la ville sur la ville
Le « déjà là »

« Ne rien perdre et gagner sur tout »  
 Lacaton & Vassal

La Piscine de Roubaix
La Piscine de Roubaix, musée d’art et d’industrie, architectes : Albert Baert 1927-32/ Jean-Paul Philippon 1998/2001
By Camster2 [CC BY-SA 3.0], via Wikimedia Commons

La ville tentaculaire, étendue à l’infini en zones pavillonnaires, zones commerciales  et autres constructions, semble avoir vécu. La ville déjà construite – le déjà là – est désormais considérée comme une réserve intermédiaire où se mélangent de grandes quantités de matériaux et d’énergies.

La piazza Navona à Rome construite sur le tracé du stade de Domitien rappelle que la logique de superposition n’est pas neuve. Aujourd’hui, la préoccupation des terrains vierges qui gagnent à le rester, la considération pour le bâti ordinaire comme la tour de logements ou le pavillon banal, l’opportunité des infrastructures existantes, rendent  toute matière propre à récupération, à superposition, tel un palimpseste. Construire dans l’existant est considéré comme un apport fondé, autant écologiquement qu’économiquement, dans de nouvelles stratégies urbaines globales de densification. 

Dans son livre Déclin et survie des grandes villes américaines  (1961), Jane Jacobs affirme déjà  que les bâtiments ordinaires méritent aussi d’être préservés : les villes ont besoin de vieux bâtiments, « même les plus modestes, même en ruine ». La crise du pétrole des années 70 amplifie le mouvement et le protocole de Kyoto en 1997 sonne le glas des conceptions énergivores. Le but n’est pas la préservation mais la transformation, autrement dit une démarche plus architecturale que sentimentale ou historiciste, visant à créer de nouvelles formes avec d’anciens matériaux. Plus que jamais, nécessité étant mère d’invention, les programmes de transformation engendrent une grande créativité. Les programmes neufs tendent quant à eux à intégrer le principe de mutabilité et de réversibilité.

Dans ce contexte, l’architecture religieuse devient un cas d’école.  Conséquence de la désaffection des églises, les communes doivent faire face au coût de leur entretien et peuvent parfois être tentées par leur destruction. Pourtant, de nombreuses réalisations démontrent qu’il peut en être autrement, de la réhabilitation à grand frais comme l’église de Sarlat du 14e siècle convertie en marché couvert par Jean Nouvel, au simple changement d’affectation comme la chapelle du Généteil du 12e siècle de  Château-Gontier devenue lieu d’exposition d’art contemporain, les exemples se multiplient.

À voir en ligne quelques exemples de transformations qui démontrent la pluralité des démarches : 

  • Quel avenir pour les églises ? Le site du Courrier de l’architecte rend compte d’un diplôme d’architecture par Malard & Michaut sur ce sujet d’actualité. Entre centre culturel et extension de maison de retraite, les solutions sont multiples. 
  • La tour Bois-le-Prêtre à Paris, tour de logement des années 60, est réhabillée par les architectes Lacaton&Vassal et l’améliore  par la création de jardins d’hiver, apportant espace supplémentaire, lumière et réduction énergétique. 
  • La piscine municipale de Roubaix, fleuron de l’architecture Art déco devient musée d’art et d’industrie, par la transformation de Jean-Paul Philippon.
  • Les Case study : lancé en 1945 à l’initiative de John Entenza aux Etats-Unis, rédacteur en chef de la revue Arts & Architecture, le Case Study House Program avait pour objectif de concevoir et de construire des modèles de maisons individuelles économiques et fonctionnelles tout en utilisant des matériaux industriels et de récupération. Cette démarche est remise à l’honneur de nos jours. 
  • La villa Cavrois, de Robert Mallet-Stevens, dans le Nord de la France à Croix, véritable château Art déco de briques jaunes, est classée Monument historique en 2001 pour la protéger de la destruction totale.  Proche de la ruine, des années de travaux entrepris par l’Etat ont permis sa restitution et son ouverture au public le 13 juin 2015. 
  • Le chalet Lang (dit le chalet à pattes)  par Denys Pradelle à Courchevel est un manifeste architectural des « Trente glorieuses », menacé d’être détruit par un programme de construction luxueuse. La détermination de certains, notamment de Jean-François Lyon-Caen et son équipe architecture-paysage-montagne (école d’architecture de Grenoble), a permis sa sauvegarde en mettant en place un plan de démontage pour le déplacer de son lieu originel. 

Publié le 30/04/2015 - CC BY-SA 3.0 FR

Sélection de références

Réenchanter le monde : l'architecture et la ville face aux grandes transitions : Exposition, Cité de l'Architecture et du Patrimoine, 21 mai - 6 octobre 2014

Marie-Hélène Contal
Alternatives, 2014

Cette exposition conçue avec les 40 lauréats (2007-2014) du Global Award for Sustainable Architecture interroge la mission de l’architecte à l’ère des grandes transitions : démographique, urbaine, écologique, énergétique, industrielle… Il s’agit moins de montrer des bâtiments que de raconter leur histoire, particulière : une appropriation active par les hommes, des programmes qu’on invente, des modèles usés qu’on casse, une matière qu’on transforme, des savoirs qui s’échangent à travers le monde, des chantiers qui sont des laboratoires ou des leviers d’émancipation.

À la Bpi, niv. 3, 72.02 CON

Réhabi(li)ter

Namias, Olivier ; Société immobilière d'économie mixte de la Ville de Paris
Archibooks + Sautereau éditeur, 2014

En 2002, la Ville de Paris a chargé la SIEMP (Société immobilière d’économie mixte de la ville de Paris) de sortir de l’insalubrité 434 immeubles de la capitale. Quatorze exemples emblématiques de réhabilitation-reconstruction, conçus par de jeunes architectes, sont ici présentés. L’initiative de la ville de Paris qui reconvertit des immeubles de bureaux, sans intérêt sur le marché – particulièrement des années 60 et 70 – en logements sociaux est inhabituelle et n’a pas d’équivalent en Allemagne.

À la Bpi, niv. 3, 721.6 REH

S(t)imulation pavillonnaire

Yves Lion
Archibooks + Sautereau éditeur, 2014

Le point sur l’évolution possible et nécessaire de l’architecture des maisons individuelles, notamment dans le Val-de-Marne, s’appuyant sur des exemples et des projets des années 2010-2020 : « comment bâtir, agrandir sans gêner les voisins ou, mieux encore, avec les voisins ? Voici donc une entreprise qui peut permettre la transformation et la création d’un grand nombre de logements, la valorisation d’un grand nombre de propriétés privées, peut-être le demarrage d’une autoconstruction sincère dès lors que l’on s’affranchit du tabou de la limite séparative aujourd’hui très protégée. » (Yves Lion)

À la Bpi, niv. 3, 721.5 STI

SOS pavillons : réhabilitations et extensions de pavillons ordinaires

Darmon, Olivier
Ouest-France, 2014

L’ouvrage veut démontrer que la piètre conception des pavillons ordinaires n’est pas une fatalité mais plutôt un potentiel à exploiter. Le parallélépipède standard sous toiture à deux pentes est suffisamment neutre pour autoriser une infinité de possibles, préfigurant peut être une ère de « post-lotissement ».

À la Bpi, niv. 3, 721.5 DAR

Métamorphouse : transformer sa maison au fil de la vie

Beyeler, Mariette
Presses polytechniques et universitaires romandes, 2014

L’auteure présente un vaste éventail de recommandations pour favoriser un habitat évolutif, pouvant servir lors de l’achat d’une maison, de la mise en place d’un projet de construction ou de l’adaptation d’une propriété existante.

À la Bpi, niv. 3, 721.5 BEY

Vers de nouveaux logements sociaux. 2

Pousse, Jean-François (1953-....) ; Rambert, Francis (1954-....) ; Cité de l'architecture et du patrimoine Paris ; Institut français d'architecture
Silvana Editoriale ; Cité de l'architecture et du patrimoine, 2012

Créer ou recréer de l’urbanité, recoudre les tissus déchirés, modifier le regard porté sur les ensembles construits au cours des Trente Glorieuses, tels sont les défis auxquels se confrontent les architectes et les maîtres d’ouvrage qui aspirent encore à faire du logement social un laboratoire d’architecture, dont l’une des réalisations emblématiques s’illustre dans la réhabilitation de la tour de Bois-Le-Prêtre par l’agence Lacaton&Vassal.

À la Bpi, niv 3, 721.6 CIT

Surprenants espaces reconvertis

Fajardo, Julio (1979-....)
Atrium, 2009

Le sujet de la transformation est abordé sous l’aspect de la reconversion radicale : aucun des bâtiments pris en exemples garde sa fonction initiale mais celle-ci est toujours présentée pour mieux apprécier les mérites de la reconversion : vieilles églises, couvents désaffectés, entrepôts industriels, château d’eau, tous devenus pour la plupart des logements résidentiels.

À la Bpi, niv. 3, 72.29 FAJ

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